Chronique du Ping - 1
On joue en déplacement dans le petit club de Pujaut. Une salle des fêtes
sur la place du village. Un sol en carrelage donne à la balle une vitesse
à laquelle nous ne sommes pas habitués, nous qui jouons sur
un revétement plus souple de gymnase.
Dans l'équipe d'en face, il y a Hervé, Christophe, Olivier et Michel.
Michel. Plus les parties avancent, plus il est tendu, plus il hurle. Beaucoup
de pongistes parlent tout seul, moi le premier. "Vas-y !" "Yes !" "Tchoo !"
quand on est content. Quand on râle, ça peut aller assez loin. Michel, il hurle.
Ses coéquipiers et ses adversaires sont plus ou moins habitués, et même si c'est franchement
casse-couille, ça prouve tellement qu'il est tendu qu'on le laisse s'énerver un maximum, en
espérant balancer une balle bien vicieuse qui te frôlera tout juste le bord de table, ou qui,
freinée par le filet, viendra s'écraser sur la table là où on ne pouvait l'attendre. Histoire de
l'énerver encore un peu plus. Je crois qu'on rêve tous de le voir fracasser sa raquette sur la table.
Mais là, il joue à domicile, et dans l'équipe d'en dessous, il ya toutes ces dames, on est dans un
club familial.
Alors, grondé par ses mamans, Michel grommelle d'un air navré :