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Draw - Draw
3 octobre 2020

Les gros Maux

 

 

C'est à l'initiative de l'association Vu d'un œuf que le danseur
Nicolas Lanier et moi-même sommes intervenus au collège Louis Pergaud
de la charmante bourgade de Fresne en Woëvre, près de Verdun.

afficheliberte

La demande initiale venait du collège, qui fait face à des problèmes de harcélement ;
un groupe de discussion et de médiation a été créé au sein de l'établissement :
les Ambassadeurs Contre le Harcélement (A.C.H.),
où des élèves peuvent venir discuter de leurs soucis avec d'autres élèves.
Le but de notre intervention était, de mon côté, de mettre des mots sur ces problèmes,
de les rendre visibles grâce à mes outils typographiques, et du côté de Nicolas,
non pas de faire danser des adolescents
-défi impossible a relever dans le temps qui nous était imparti-
mais de leur faire prendre conscience du rapport entre leurs corps et l'espace
dans lequel ils se déplacent quotidiennement, ils existent.
Enfin, l'idée originale était de finir sur une présentation commune des travaux,
avec un rendu public qui restait à inventer et une exposition des travaux imprimés.
C'était sans compter le grand trou covidien qui nous a tous englouti
-les corona vacances, comme le chantaient nos collégiens à la fin des premiers ateliers-
et qui nous a évité un "spectacle de fin d'année" devant le reste des élèves,
ce qui aurait sans doute été un fiasco.

J'ai donc fait imprimer 3 séries d'affiches,
présentant des mots, classés en 3 couleurs :
rouge pour les mots liés à l'agression ("harcèlement", "violence" "écrans" etc.)
vert pour les réponses face à ces problèmes,
vert clair pour les réponses jugées positives ("dialogue")
et vert foncé pour les réponses négatives ("stress").
Enfin, bleu pour ce que l'on retirait de positif d'avoir su résister à ces agressions,
et la façon dont on en sortait grandit ("maturité", "liberté"...)

Nicolas m'a ensuite parlé d'une de ses propositions :
il demande aux élèves de déclamer une série d'improvisation sur le thème du "je suis" :
je suis une tomate, je suis ta mère, je suis en vie, bref,
tout ce qui leur passe par la tête. Pour accompagner cette proposition,
nous avons imprimé sur un long rouleau de papier plus ou moins sulfurisé, très léger,
une série de "je suis", chaque élève devant proposer un je suis positif et un autre négatif,
parce qu'évidemment, personne n'est blanc ou noir et certaines paroles jugées insignifiantes
par l'un peuvent avoir une grande violence pour l'autre.

je-suis


Enfin, pour conclure ces ateliers, j'ai proposé aux élèves
(c'est une figure de style, hein, ils n'avaient pas le choix)
de graver leur autoportrait en bichromie, rouge et bleu (encore une fois positif/négatif)
en utilisant mon désormais célèbre Lasagnographe, ainsi que le film inactinique rouge
qui masque l'impression rouge pour ne laisser apparaître que la bleue.

Après la pose Covid, il a été décidé qu'au lieu du rendu public final,
Nicolas et moi allions travailler avec chaque classe en demi-groupes
(comme pour le reste du projet, grand merci à tous les profs du collèges)
sur une restitution mélangeant les impressions et le placement des corps dans l'espace.
Je crois que tout le monde a été heureux du résultat ; un groupe se plaçait dans le préau,
où il voulait, sur les casiers (grand moment de liberté !) dans la poubelle, dans un casier...
puis l'autre groupe venait poser les mots-affiches sur leurs camarades,
là où cela leur paraissait le plus judicieux :
soit pour confirmer une impression, soit pour jouer sur un contre sens.

bien-etre-resistance

courage2

ecran

inquietude

 

De ce qu'en ont retiré ces ado, qu'on a d'abord connus en 4ème
pour ensuite les retrouver en début de 3ème, à part un moment
hors du temps scolaire et la rencontre de deux drôles d'énergumènes,
c'est toujours difficile à dire; pour ma part, j'insiste toujours beaucoup
sur l'éducation du regard par rapport au message publicitaire
auquel la typographie participe grandement.
Manipuler des caractères et les  inscrire dans l'espace fait sans doute réfléchir à ce problème.
Mettre des mots sur des maux, des malaises,
leur donner une forme graphique, les fait à la fois exister et permet aussi de les exorciser :
les mots, ça se manipule, ça se décompose, ça se transforme,
étymologiquement et graphiquement.

peur

regards

resistance2

De mon côté, cela fait un moment que je tourne autour
de cette idée de typographie dans l'espace public.
D'autres occasions prochaines vont m'être données d'y réfléchir un peu plus,
mais c'était là une très belle façon de s'y essayer.

affiche2

Merci donc aux filles de chez Vu d'un œuf (Emma & Marine, big up !),
aux deux profs du collège qui nous ont accompagné et grandement aidé, (Olivier & Valérie, big up !)
et merci à Nicolas avec qui tout a été facile (big up ! Nico)

A bientôt pour de nouvelles aventures

Professor Draw-Draw

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